« Je n'avais jamais envisagé de faire de la cuisine mon métier »

© M.Bruno

Avec Hélène Darroze, ma co-juré dans l'émission Top Chef, nous avons eu un vrai coup de foudre amical. Si bien que j'ai tenu à lui laisser la parole ici. La chef étoilée d'origine landaise, qui officie à Paris et à Londres, auteur du livre « Les recettes de mes grands-mères » (éditions du Cherche Midi), se confie justement sur la place de la famille dans son destin.

« Ma cuisine n'est pas du tout technique, même si je suis entourée de formidables techniciens ! Elle est très instinctive, très féminine et généreuse, c'est une cuisine de partage et d'émotions. Disons que je laisse parler mon coeur plutôt que ma technique.
Mon parcours en témoigne : je n'ai pas fait d'école de cuisine. Je suis issue d'une famille de cuisiniers, quatrième génération du côté de papa ! On peut dire que je suis née et que j'ai grandi dans le restaurant familial. J'ai tout de suite été confrontée à cet univers-là, au monde paysan et aux beaux produits : il y avait la ferme, on élevait les porcs, allait chercher les oeufs, il y avait un balai incessant de producteurs qui venaient apporter des cèpes, des asperges, les chasseurs qui amenaient le gibier...
Du côté maternel, c'était aussi une grande famille où l'on aimait recevoir et partager : mon arrière arrière grand-mère était cuisinière particulière dans des maisons bourgeoises - dont celle d'Henri Blériot - et j'avais aussi une grande-tante qui tenait une auberge dans un village de campagne.
Malgré cela, la révélation n'a eu lieu que tardivement. A une époque où la cuisine était une voie de garage et pas du tout une filière pour une fille, je n'avais jamais envisagé d'en faire mon métier. J'ai passé mon bac sans me questionner et enchaîné avec une école de commerce. Je savais que je travaillerais dans ce milieu sans penser que je passerais un jour derrière les fourneaux.
Alain Ducasse m'a ouvert les yeux : après trois ans passés dans ses bureaux au Louis XV à Monaco, dont un stage de trois semaines en cuisine, il me dit que ma place est derrière le piano. J'ai fini par l'écouter et suis passée en cuisine dans l'auberge familiale en 1995. »